Tentative #1 (Nettoyer le glacier)

La montée sur le glacier d’Aletsch jusqu’à la Konkordiahütte se révélait étonnamment longue et pénible. En plus de la pluie, les crampons se déchaussaient sans cesse, le sac pesait une tonne et la corde tirait tantôt vers l’avant, tantôt vers l’arrière. Le rythme était soutenu et pas question de s’arrêter…
Etait-ce la fatigue ou le temps couvert, le glacier m’est apparu d’une grande tristesse. J’ai surtout été surpris par sa couleur, que j’avais imaginée blanche ou bleue – le glacier était gris.
A la surface du glacier s’est incrustée une matière noire composée de sédiments, de matières organiques (matières fécales?) et d’hydrocarbures. Ce qui apparaît comme une couche grisâtre forme même en certains endroits de petits ruisseaux de boue noire.
Durant cette longue montée, je ressassais la conférence que Markus Stoffel, glaciologue et spécialiste des risques, nous avait donnée quelques jours au préalable. Selon lui, le glacier d’Aletsch aurait disparu en 2100. J’élaborais donc toutes sortes d’hypothèses sur la boue noire que j’observais autour de moi et j’arrivais à la conclusion qu’elle renforçait certainement la fonte du glacier, puisque les teintes foncées absorbent le rayonnement du soleil.

J’ai donc décidé de nettoyer le glacier. Durant deux jours, et grâce à l’aide précieuse de Maëlle Cornut, nous avons gratté la surface du glacier avec un piolet afin de rendre à la glace sa transparence. Au final, nous avons « nettoyé » un carré d’environ 5x5m.

Un geste dérisoire et absurde, au vu de la taille du glacier (117’600’000 m2).


performance

Konkordiaplatz, Glacier d'Aletsch, 27.08-09.09.2018